samedi 2 février 2013

Rémunération des médias : le très bon coup marketing de Google

60 millions d'euros. On connaît maintenant la taille du billet que Google a sorti de sa poche pour calmer l'Etat français et les éditeurs de presse français.
60 millions d'euros, c'est sur qu'à l'échelle d'un smicard du journalisme, c'est une sacrée somme. A l'échelle des quelque 60 ou 70 groupes de presse en France, c'est beaucoup plus relatif. Et pour Google, un groupe qui a réalisé 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2012 et près de 3 milliards de bénéfice, on vous laisse imaginer ce que cela pèse.
Bref, Google a signé et l'Etat français s'en est largement réjouit. François Hollande a parlé d'un "événement mondial" nous raconte la dépêche AFP, "une fierté pour la France d'avoir été capable de réaliser cet accord qui est le premier dans le monde" et, cerise sur le gâteau, le président de la République a expliqué : "il y a forcément une alliance à nouer entre les producteurs de contenus et les diffuseurs".
C'est Eric Schmidt qui doit être content. Pour 60 millions d'euros, le boss de Google a signé avec l'Etat français un accord qui prévoit "un important volet de partenariat commercial, passant notamment par l'utilisation des solutions et outils publicitaires de Google ou le magasin en ligne Play." Google a même "proposé d'accompagner ce changement avec ses ingénieurs, ses connaissances techniques."
Soyons clairs, Google a réalisé une excellente opération marketing. Non seulement il a acheté le silence des éditeurs français mais en plus, il va pouvoir faire entrer ses outils et ses techniques dans toutes les entreprises de presse qui ne les utilisaient pas encore ou pas assez.
Vu l'état dans lequel se trouve leurs entreprises, les éditeurs ne vont évidemment pas cracher sur 60 millions d'euros. Mais ce qui est tout aussi sûr, c'est qu'avec cet accord ils sont désormais encore plus dépendants de Google qu'ils ne l'étaient jusqu'à maintenant.