lundi 14 novembre 2011

Pour en finir avec le buzz (épisode 2)

S'il faut retenir une seule page du livre deTitiou Lecocq et Diane Lisarelli publié ces jours-ci aux éditions Robert Laffont et intitulé "Encyclopédie de la web culture", c'est sans aucun doute la page 32. Celle qui donne la définition de "Buzz", sous-titrée "Mot interdit".
La définition est courte, concise, précise et mériterait sans doute d'être affichée dans toutes les rédactions du pays. Amusez-vous à taper "fait le buzz" dans Google actu et vous comprendrez vite de quoi je parle.
Toujours est-il que les auteures ont surligné en bleu cette phrase qui marche aujourd'hui très bien avec "buzz", mais qui a aurait eu un succès fou il n'y a pas si longtemps avec "Au jour d'aujourd'hui", "Acter" ou "Impacter". La voici :
A en croire les médias, aujourd'hui tout "fait le buzz", si bien que plus rien ne le fait.
Et la définition se termine ainsi :
En pratique, le principal intérêt de l'entrée du mot dans la langue française se limite aux points qu'il peut faire gagner à celui qui le posera sur un plateau de Scrabble (à l'aide la lettre joker). L'intéressé fera alors le "buzz" auprès de ses amis. 
Pour en finir avec le buzz (épisode 1)

mercredi 19 octobre 2011

La vidéo va-t-elle sauver la PQR ?

On n'échappe plus à cette question : "et vous, vous en faites de la vidéo ?"
Comme il y a quelques mois, la question régulièrement posée à la cantonade de la rédaction web par un confrère du papier était : "Vous allez venir faire une vidéo ?" Ou pire : "Vous ne venez pas filmer le débat sur l'architecture qui dure 4 h 30 et qui est super intéressant et que vous pourrez mettre sur le site ensuite ?"

Les rédactions des journaux ont même tenté d'adopter un vocabulaire qu'ils entendaient de la bouche de leurs confrères de la télé ou de la radio croisés sur le terrain, ou qu'ils avaient vaguement intercepté lors de leurs cours en école de journalisme. On entendait parler de rush, de capsule (?!)...

Aujourd'hui il semblerait que les annonceurs de PQR soient demandeurs de pubs en vidéo. Cela dit, on les comprend. Vus les tarifs pratiqués par les grandes chaînes de télé, un spot de 30 secondes sur un site de PQR sera toujours beaucoup plus abordable qu'un prime sur TF1.

On peut s'en réjouir évidemment. Cela voudrait dire que la PQR intéresse toujours les annonceurs (c'est un fait, mais ça va toujours mieux en le disant).
Malgré tout, la toute première question à se poser c'est : quel contenu éditorial ?

Les expériences menées en PQR tendent à prouver que l’information dite « de petite locale » a beaucoup de difficultés à trouver une audience.
Exemple avec cette vidéo choisie au hasard sur le site de la Nouvelle République et visionnée 80 fois en une journée : http://goo.gl/nzzcP
Le Telegramme, qui s’est doté de moyens un peu plus importants, ne semble pas obtenir de résultats plus flatteurs, tant en audience qu'en contenu éditorial. Exemple ici avec une manifestation à Saint-Brieuc : http://goo.gl/a1LFX
Le Parisien semble un peu plus heureux. Grâce à la plus forte audience des sites de PQR, il obtient quelques succès avec certaines des vidéos qu’il produit. Succès relatif cependant lorsque l’on y regarde de plus près puisque les trois vidéos les plus vues du Parisien sont :
  1. Le casse toi pov’con de Sarkozy (acheté à un internaute) : http://goo.gl/2jcM2
  2. Un reportage dans un club de striptease : http://goo.gl/YfDLF
  3. Un reportage dans le village de Nafissatou Diallo (par l’AFP) : http://goo.gl/Wylpc
En revanche, la vidéo de la manifestation du 11 octobre à Paris (http://goo.gl/Rzmeh), 80 vues, celle de deux ingénieurs de l’Oise primés (http://goo.gl/Q9G6h), 1900 vues, ou même celle de la rénovation du premier étage de la Tour Eiffel (http://goo.gl/K7lN3), 800 vues ont du mal à trouver leur public.
A l'inverse, une vidéo sur de l'info dite "chaude" et particulièrement du fait divers peut trouver son public. C’est le cas notamment de ces 58 secondes (seulement) tournées par MidiLibre.fr suite à un accident qui avait fait deux morts sur l'autoroute A9 : http://goo.gl/2UbHx
Autre exemple qui marche, l'actu à dimension nationale traitée localement. Comme ici avec ces 2 mn 04 d'entraînement de l'équipe de France de basket-ball (http://goo.gl/427T1) qui dépassent les 10 000 vues sur le site de la République des Pyrénées.

Un site de PQR ne peut pas se contenter de l'information écrite locale et régionale. Mais comment appliquer ce principe à la vidéo ?
On voit mal à ce jour, une équipe de journalistes web de la PQR débarquer à la sortie d'un conseil des ministres. Il faut donc trouver une troisième voie entre l'autoroute de l'info en vidéo et le chemin cahoteux de la pleine campagne. Sans doute en faisant des choix très précis des sujets traités, en privilégiant les sujets qui ont une portée largement régionale voire au-delà et surtout en apprenant, en se formant.
La vidéo c'est un métier et l'à peu près serait particulièrement préjudiciable pour l'image de la PQR.
La preuve... en vidéo.


10 conseils pour réussir son reportage vidéo par Hesterlala

lundi 17 octobre 2011

Gratuit/payant, le gimmick des rédactions de la PQR

Il faut croire que tant qu'il y aura des journaux imprimés sur papier et tant qu'ils auront des sites Internet, le débat gratuit/payant continuera. C'est le gimmick des rédactions de la PQR sur l'air du "on se tire une balle dans le pied en donnant gratuitement sur Internet des infos que nous vendons sur le papier".
On ne peut pas nier qu'il y a vraisemblablement un effet web sur les ventes des quotidiens papier. Pas besoin de consulter des études poussées pour s'en rendre compte : mon voisin et ma grand-mère lisent moins le journal qu'avant. C'est un fait. En revanche, mon voisin et même ma grand-mère sont plus connectés en 2011 qu'ils ne l'étaient en 2002.
Seulement, on veut aussi nous faire croire que la chute des ventes papier est tout aussi exponentielle que la croissance des audiences Internet.
Alors puisque c'est de chiffres dont on nous parle, penchons nous sur ces chiffres.
Avec un premier tableau qui concerne ce grand régional qu'est Ouest France et qui met face à face la diffusion payée et l'audience web d’octobre 2010 à juin 2011.



Ce que l'on constate, c'est que, si la diffusion payée s'étiole légèrement, l'audience web, elle progresse tranquillement.
On pourra toujours dire que Ouest France est un cas à part, parce que c'est le premier quotidien régional français, parce que toute sa petite locale n'est pas en accès libre et gratuit sur son site Internet... Parce que la diaspora bretonne, parce que le temps qu'il fait... Soyons clairs, tous les journaux et tous leurs sites Internet sont des cas à part.
Regardons maintenant le cas de Sud Ouest sur la même période.


On constate le même tassement de la diffusion payée que pour Ouest France. En revanche, la croissance de l'audience web est beaucoup plus prononcée. Logique quand on sait que Sud Ouest a mis en ligne un nouveau site en avril 2010 qui a considérablement augmenté sa visibilité sur le web.
Toujours est-il qu'il est quand même difficile, à la lumière de ces chiffres, d'affirmer catégoriquement que le web tue le papier.
C'est encore plus flagrant lorsque l'on se place sur une période beaucoup plus longue. Par exemple lorsque l'on compare la diffusion payée de Sud Ouest à son audience web depuis 2002.
Voilà le tableau.


Ce qui est flagrant ici, c'est que la diffusion a certes diminué, mais surtout que l'audience Internet a considérablement augmenté. Et on peut même ajouter que si la diffusion payée avait diminué autant que l'audience web a augmenté, sans doute que Sud Ouest ne vendrait plus un seul journal en 2011.

Alors juste pour rigoler, extrapolons. Sachant que l'audience web de Sud Ouest a progressé de 1615% entre 2002 et 2010, si la diffusion payée avait diminué d'autant, combien Sud Ouest aurait-il vendu de journaux chaque jour en 2011 ? Réponse : - 4,8 millions de journaux.
Evidemment ce calcul n'a pas de sens, mais il montre qu'il faudra sans doute un jour se résoudre à reconnaître qu'Internet n'est pas le choléra de la presse papier. Sans doute ce jour viendra-t-il lorsque le chiffre d'affaires des sites web des médias traditionnels représentera un quart, un tiers voire la moitié du CA global de des journaux.

dimanche 16 octobre 2011

« Datavision », de David McCandless

C'est un bouquin étonnant, qui devient vite un livre de chevet ou l'objet de discussions de fin de repas.

Dans cet essai tout en chiffres et en couleurs, tout en graphes et en cartes, on apprend aussi bien la recette du cocktail islandais contre la gueule de bois que l'estimation des réserves mondiales de ressources non renouvelables. 

Avec cet ouvrage, le Britannique David McCandless, journaliste, écrivain et designer, montre qu'à l'ère de « l'infobésité », les teraoctets d'informations que nous recevons tous les jours ne sont pas une fatalité. Surtout que l'information peut être mise en forme de manière simple et précise et donc accessible au plus grand nombre. McCandless, qui dédie son livre « au bel Internet », n'a pas inventé le datajournalisme (du latin « data », « donnée ») mais en écrit une nouvelle page. 

Normal, son livre, déjà traduit dans plus de 10 pays, c'est finalement du Web sur papier. De quoi combler les geeks et convertir les autres.
« Datavision », de David McCandless, éd. Robert Laffont, 23 €.


lundi 6 juin 2011

#DSK jusque dans nos campagnes

Alors que Dominique Strauss-Kahn, comparaît aujourd'hui devant le tribunal de New York, le récent communiqué de l'OJD sur "l'affaire DSK" est riche d'enseignements. L'OJD a établi le classement des sites dont l'audience a le plus profité des démêlés de Dominique Strauss-Kahn avec la justice américaine.
Sans grande surprise ont y voit que les grands sites d'info sont les mieux servis : lepoint.fr, lepost.fr, lefigaro.fr, lemonde.fr etc ont connu sur la semaine 21, les plus fortes progressions d'audience. Autant en pourcentage qu'en valeur absolue (+ 5 millions de visites pour lemonde.fr ce qui constitue un record).
Mais ce qui est tout aussi remarquable, c'est que les sites d'information de la PQR ont eux aussi profité de l'effet DSK.
Les trois premiers sites d'info français de la PQR certifiés OJD (Ouest France, Sud Ouest, Le Telegramme) ont affiché des progressions de 16,51% (ouestfrance.fr), 22,04% (sudouest.fr) et 30,23% (letelegramme.com).
Etonnant ? Pas vraiment. D'une part car ces sites font partie de ceux qui ont suivi en continu l'affaire DSK (en clair ils ont fait le métier). D'autre part parce qu'ils sont aujourd'hui positionnés, certes sur le terrain de l'info locale et hyperlocale, mais aussi sur celui de l'information nationale et internationale. Un site d'info locale, ça n'existe pas.
Autant dire que si les grands groupes de PQR se mettaient en tête de muscler très sérieusement leurs rédactions web, ils pourraient allez chercher les grands sites d'info de la PQN sur leur terrain.
Avec un pic à 10 millions de visites en mars, Ouestfrance.fr n'en est déjà plus très loin.


jeudi 2 juin 2011

#eg8 : supercherie ou première historique ?

Cliquez ici pour voir cette image en grand
Puisque tout le monde y va de son analyse et de ses commentaires sur le e-G8 qui avait lieu au Jardin des Tuileries à Paris les 24 et 25 mai, je me lance aussi.
J'ai passé deux journées studieuses aux Tuileries et je n'ai pas eu l'impression d'y perdre mon temps.
Certes chacun pourra avoir son avis sur le discours d'ouverture de Sarkozy, sur cette théorie de l'Internet civilisé, sur la dictature du e-business, sur l'absence de certains acteurs importants de l'Internet mondial.
Quelqu'un a expliqué pendant ce forum, que ceux qui feront le web des 5 à 10 ans à venir n'étaient pas là, d'autres ont regretté que la CNIL ne soit pas invitée. Ce n'est pas faux et sans doute regrettable.
Malgré tout, un colloque, appelons-le comme ça, qui réunit sur deux jours : Mark Zuckerberg (Facebook), Eric Schmidt (Google), Rupert Murdoch (News Corp.), Arthur Sulzberger (New York Times), John Donahoe (eBay), Antoine Gallimard, Pascal Nègre, Jeff Jarvis, Lawrence Lessig, Yuri Milner, John Perry Barlow, Hiroshi Mikitani, Sean Parker, Xavier Niel, Jimmy Wales et beaucoup d'autres doit-il être résumé d'un simple : "L'e-G8 Internet fait Pschitt" ?
Personne n'est dupe. Il est bien évident que l'Elysée et Publicis (organisateur du eg8) ont soigneusement sélectionné leurs invités, soigneusement choisi les questions qui leur étaient posées, soigneusement préparé, peut-être à l'avance, le communiqué qui a été soumis aux chefs d'Etat et de gouvernements du G8 de Deauville. Publicis n'est pas pour rien l'un des plus grands groupes de communication au monde...
Il est vrai aussi que certaines conférences engageaient plus à la sieste qu'à la prise de notes, que certains ateliers ont accouché de belles grosses souris et que quelques intervenants étaient parfois à côté de la plaque.
En revanche, pourquoi ne pas dire que l'intervention de Zuckerberg valait la peine qu'on l'écoute attentivement, que les déclarations d'Eric Schmidt étaient d'une grande cohérence et que le débat Mitterrand/Nègre/Barlow sur la propriété intellectuelle, ponctué par l'intervention de Jérémie "On n'est pas des voleurs" Zimmermann (La quadrature du Net), aussi décousu et parfois surréaliste soit-il, a eu le grand mérite de montrer qu'il y a deux mondes (au moins) au coeur de l'Internet mondial.
Mais n'est-ce pas là le propre d'un forum ?
Comment les défenseurs de "l'Internet libre et accessible à tous", pouvaient imaginer qu'il en serait autrement pour cette première mondiale ? D'autant que ceux-là se sont offert une tribune qu'ils n'auraient sans doute pas eue ailleurs en organisant au coeur du eg8, une conférence de presse dénonçant... le eg8.
La seule chose que l'on puisse craindre du e-G8, finalement, c'est le souhait qu'a émis Nicolas Sarkozy sur son avenir. J'ai bien entendu que le président de la République proposait, en substance, d'organiser ce forum chaque année.
Là, il paraît évident qu'un contre sommet s'imposera.

samedi 28 mai 2011

Verbatim de Mark Zuckerberg au e-G8


Je retranscris ici les notes que j'ai prises lors de l'intervention de Mark Zuckerberg le 24 mai au e-G8.
Zuckerberg intervenait en clôture du e-G8. Il était interrogé par Maurice Levy, Pdg de Publicis.

A propos de la réussite de Facebook : 
Internet permet à chacun de se faire entendre. Donc c’est un outil très puissant.
D’un côté la puissance d’Internet et de l’autre le réseau privilégié des amis et de la famille. Je crois que c’est ce mélange qui a fait le succès de Facebook.
Informatique et psychologie sont les deux racines de Facebook.
J’ai appris dans mes études de psychologie que les visages sont extrêmements riches en informations.

La raison pour laquelle Facebook n’est pas encore hégémonique c’est qu’il y a la possibilité de conserver son anonymat sur un réseau social
Idéalement la transparence permet au meilleur produit de remporter la mise. Nous allons vers un monde dans lequel les meilleurs produits peuvent surnager.

A propos du partage de données privées sur Facebook : 
 Les gens doivent fixer leurs propres limites. Certains choisissent de tout partager d’autres pas grand chose. Il y a 10 ou 20 ans, les gens auraient déclaré qu’ils ne voulaient rien partager de manière publique.
Aujourd’hui les gens trouvent de la valeur dans cette forme de partage.
Les utilisateurs savent choisir les entreprises auxquelles ils peuvent faire confiance.
A l’arrivée ce sont toujours les meilleurs services qui gagnent.

A propos des tendances sur Internet dans les 5 à 10 ans à venir : 
La tendance qui consiste à partager ce que l’on veut restera la grande tendance pour les 5 ou 10 années à venir.
Nous allons bientôt voir surgir la musique sociale, l’information, les livres, les films... Est-ce que Facebook va le faire ? Non, aucune chance. Mais nous avons un rôle à jouer pour permettre à ce genre d’entreprises d’être créées.
Les entreprises de musique qui vont réussir seront celles qui comprennent la musique et les gens. Ce sera la même chose pour le cinéma etc...

A propos de l'influence de Facebook sur le printemps arabe : 
Lorsque les gens ont la possibilité d’exprimer leurs opinions, des choses tout à fait intéressantes peuvent se produire.
Facebook n’a été ni nécessaire ni suffisant pour aucun de ces mouvements.
Nous sommes en train de refaire le monde en permettant aux gens de communiquer avec leurs amis, leurs familles, mais aussi cela permet aux gens de faire entendre leur voix en matière de gouvernance.
Mais ce n’est pas Facebook, c’est l’Internet qui a fait tout ça.
Ce que les médias ont un peu déformé, c’est que les outils utilisés par les gens sont les mêmes, que ce soit pour partager des choses triviales ou pour s'exprimer dans un contexte politique.
Je pense que les supports utilisés vont peut-être changer mais les réseaux sociaux et cette tendance à partager vont persister. Et je crois que c’est très positif.

A propos de la confidentialité des données sur Facebook : 
Parfois on regarde ce qu’affichent les gens et les sujets de conversation. On analyse le degré de bonheur des gens. Anonymement. Si vous regardiez tous les partages à travers le système il s’agirait de petits sujets. On ne peut pas faire le tri entre ce qui va changer le monde et ce qui est quotidien.

A propos de ses objectifs :
Je veux donner le pouvoir aux gens de partager, ouvrir encore plus le monde. Je crois que c’est d’une grande valeur et qu’il faut lutter pour que cela se passe bien. Voilà ce qui est important pour moi.
Je crois que l’on est beaucoup plus près du début que de la fin.

lundi 23 mai 2011

Et si les journaux payaient les iPad de leurs lecteurs ?

Une toute récente étude de Médiamétrie nous apprend que 500 000 foyers français sont équipés d'une tablette tactile. Ce qui représente 2% de pénétration.

Tiphaine Goisbeault, directeur du pôle Telecom et Equipement de Médiamétrie, affirme lui que "ce sont principalement des hommes, CSP+, en activité et sans enfants qui constituent actuellement le profil type des utilisateurs de tablettes." Et même s'il ajoute que "l’usage se développe à très grande vitesse et devrait rapidement se démocratiser à toute la famille", on est tenté de penser que la tablette ne sera pas ce qu'est devenu le téléphone mobile. En tout cas pas sous sa forme actuelle. Quant à la PQR, le profil-type de son lectorat ne correspond pas vraiment à celui décrit ci-dessus.
De là à dire que l'iPad ne sauvera pas la PQR il n'y a qu'un pas que l'on peut franchir allègrement.
Au Québec, Le Soleil a eu l'idée de mettre en place une offre iPad + journal. Pour 23$ par mois (15,67 €) pendant trois ans, Le Soleil propose à ses lecteurs de bénéficier d'un iPad 2 wi-fi 16Go et d'un abonnement au quotidien.
Pour le lecteur, l'économie n'a rien de gigantesque (un internaute a fait le calcul ici), mais il lui permet d'acquérir la tablette sans débourser la totalité de la somme d'un seul coup. Le journal, lui, vend des abonnements. Ce qui n'est pas négligeable par les temps qui courent. Il peut même espérer qu'au bout de trois ans, le lecteur prolongera son abonnement.
Reste à savoir s'il est vraiment confortable de lire un quotidien sur iPad... C'est une autre histoire.

lundi 16 mai 2011

Un petit râteau vaut mieux qu'une grosse pelle

Le ratage ou sa version simplifiée le râteau, est un sport très répandu dans les rédactions de PQR. Et il faut le dire toujours une petite fierté. Nous autres journalistes, sevrés au biberon du scoop, éprouvons toujours une certaine satisfaction lorsque nous publions une information que nos concurrents n'ont pas.
Il y a le râteau plaqué or qui révèle que le président du Conseil général a détourné des milliards de dollars et qui fait vendre du papier. Mais il y a aussi le râteau en plastique qui annonce que Marcel Latrubesse, demeurant à Pommiers-Moulons a perdu le contrôle de son véhicule sur la D230 et terminé sa course dans le fossé.
Comme les râteaux plaqués or ça n'arrive pas tous les jours, il faut la plupart du temps se contenter des râteaux en plastique. Avec le risque de prendre les vessies de porc (les râteaux en plastique) pour des lanternes vénitiennes (les râteaux plaqués or).
Sur Internet, la déclinaison de cette étrange coutume a des conséquences aussi étonnantes que néfastes. Car jusqu'à ce qu'il ait la preuve du contraire, le journaliste est convaincu qu'il est le seul à détenir une information. Donc qu'il doit absolument garder jalousement son information, l'écrire, la mettre en page, attendre que les rotatives tournent et, enfin, obtenir toute la satisfaction qu'il mérite en constatant, au petit matin, que le concurrent n'a pas publié cette même information.
Le résultat, c'est que souvent, le concurrent qui n'a pas aussi bête qu'on voudrait le croire, a lui aussi l'info. Si bien que des informations qui auraient pu avoir une petite vie sur Internet, meurent de leur belle mort au fin fond d'une page de journal. C'est bien sûr le cas extrême.
Mais il existe beaucoup d'autres cas. Notamment la version que l'on appellera "râteau numérique" et qui consiste à prendre un râteau sur son site Internet simplement parce que l'on a pas voulu publier une information dont on pensait être le seul détenteur.
Il n'est évidemment pas très judicieux de publier en intégralité une information de premier ordre à 20 heures, lorsque l'on est certain de détenir une exclusivité. Les plus grands sites d'information français retiennent régulièrement une information en fin de journée pour ne la publier que le lendemain, au moment où l'audience est là pour la lire.
Mais dans tous les autres cas que faut-il faire ? Publier et garder la main sur l'information. Beaucoup de journalistes sont persuadés qu'en publiant leur information sur leur site Internet ils vont la donner à la concurrence. C'est vrai si ce qu'ils publient est incomplet, mal sourcé, publié au mauvais moment. C'est faux si l'info est complète, mise en valeur, développée et encore mieux : feuilletonnée.
Donc on en revient encore, sinon à la fusion des rédactions des groupes de PQR, au moins à leur mutation profonde. Une mutation qui mettrait en place une tour de contrôle capable de distribuer l'info vers les différents canaux du groupe, comme le fait le New York Times. Une mutation à l'issue de laquelle les journalistes de PQR travailleraient indifféremment pour le journal papier, le site Internet, le quotidien gratuit, la télé...

vendredi 13 mai 2011

Combien recevez-vous de DMA, d'alertes actu par jour ?

Je lance un appel à tous les journalistes web de la PQR.
Combien recevez-vous de DMA, de breaking news, d'alerte actu (je sais que chacun a son appellation) par jour ?
A Sud Ouest, 280 journalistes, la rédaction Internet reçoit en moyenne 15 alertes actu par jour.
Et vous ?

Mise à jour 16 mai : Blogger a un peu planté ces derniers jours. Du coup j'ai perdu le commentaire (puis je l'ai retrouvé...) de Litout de l'Indépendant qui me répondait : 5 à 10 par jour depuis la nouvelle version du site.
Sur Twitter, @carolegamelin de La République des Pyrénées m'a répondu 2. Et a fait le calcul : pour 12 journalistes cela représente 16% de participation.
Donc j'ai fait le calcul moi aussi. 15 alertes pour 280 journalistes : cela fait 5,35% de participation.

vendredi 6 mai 2011

Les rédactions des groupes de PQR doivent-elles fusionner ?

Chaque semaine ou presque, les médias, les journaux ou leurs principaux fournisseurs (les agences de presse) nous expliquent que les journaux cherchent désespérément un modèle économique qui leur permettrait de continuer à gagner de l'argent. Ou d'arrêter d'en perdre.
En clair ils cherchent comment survivre à quinze années d'information gratuite sur Internet.
Alors reviennent en boucle souvent les mêmes noms : Murdoch et le Daily (10 millions de dollars de pertes au premier trimestre 2011), le New York Times qui fait désormais payer à partir de 20 articles consultés ou encore les quotidiens qui vendent sur tablette quelque chose qui ressemble à une version PDF.
Et la PQR dans tout ça ? Il y a ceux qui ont choisi de tout donner gratuitement ou presque, ceux qui font exactement l'inverse et au milieu quelques-uns qui offrent à petite dose. Mais tous ont bien l'intention de "monétiser leurs contenus" le plus rapidement possible.
Pour cela il n'y a qu'une solution : instaurer des zones payantes sur leurs sites. Et pour cela il n'y a qu'une seule solution : réussir la mutation de leurs rédactions.
Le salut passe par là. Certes les tablettes permettront de générer quelques revenus, mais jamais assez pour payer 250 journalistes. Jamais assez pour financer du journalisme de qualité, du journalisme d'enquête, du journalisme d'investigation.
Jacques Hardoin, le patron de La Voix du Nord, doit annoncer le 22 mai, la fusion des rédactions du Groupe Voix du Nord. En clair, il va expliquer aux journalistes de La Voix du Nord, de Nord-Eclair de Direct Lille et de lavoixdunord.fr que tous vont devoir travailler pour tous les supports du groupe.


Médias du Nord - Jacques Hardoin sur la fusion... par mediasdunord

Pari audacieux auquel sans doute bien d'autres groupes de presse régionaux ont rêvé sans jamais oser le mettre en pratique.
Pourtant, la mutation que veut opérer Jacques Hardoin au sein de ses rédactions est peut-être le meilleur moyen de "monétiser les contenus" de son groupe. On peut imaginer qu'en fusionnant ainsi ses rédactions, un groupe de PQR aura la possibilité de distribuer gratuitement de l'information en continu (qu'elle soit locale, nationale ou internationale) et de vendre de l'information à forte valeur ajoutée (locale, mais aussi nationale et pourquoi pas internationale). Et cela sur tous les supports existants : le papier, le web classique, le web 2.0, les tablettes, les smartphones et même l'audiovisuel local.
Mais il faudra probablement pour cela que les journalistes modifient radicalement leurs méthodes de travail. Pas celles de l'enquête ou de la recherche d'information, celles-ci sont éprouvées et efficaces. En revanche, il leur faudra se mettre au rythme du web, au rythme de leurs lecteurs, de leurs vies, de leurs habitudes de consommation de l'information.

mardi 3 mai 2011

1er mai : jour de pêche... à l'audience

Le 1er mai a ses charmes : les brins de muguet, les défilés, la pêche à la ligne... et l'audience des sites Internet d'information. Ce jour-là, la plupart des quotidiens -grand bien leur fasse- ne paraissent pas. C'est la tradition. Mais l'actualité elle, ne s'arrête pas et les sites Internet non plus. Résultat l'audience des sites Internet grimpe. Même quand le 1er mai tombe un dimanche comme c'était le cas cette année.

Soyons clairs, la hausse de l'audience n'a rien de vertigineux, mais elle est bien réelle.

J'y vois trois raisons :

1. Le besoin d'information faiblit peu. Même un jour férié.
2. Il n'y a pas moyen de trouver un journal en kiosque et de toute manière pas un kiosque ouvert (ou presque).
3. (et c'est à mon sens la raison la plus importante) Les Internautes ne viennent pas sur les sites Internet pour lire des journaux. Ils y viennent pour lire des informations traitées par des journaux, la nuance est primordiale.

Tout cela tend à prouver (encore une fois) qu'Internet n'est pas le fossoyeur de la presse papier pas plus que de la PQR.

On peut même penser qu'avec le développement de l'usage d'Internet et aussi le développement de l'usage de la recherche d'informations sur Internet, les Internautes se dirigeront de plus en plus vers des sites d'information qui ressemblent de moins en moins à des journaux.

mercredi 27 avril 2011

Un site d'info locale, ça n'existe pas

Un site d'info locale, ça n'existe pas. Ce que je veux dire par là, c'est qu'un site Internet n'est pas viable s'il fait de l'info locale et uniquement de l'info locale.
La preuve c'est que la plupart des sites Internet issus des journaux de la PQR se sont mis, petit à petit, à faire de l'info nationale et internationale. Il n'est ainsi pas rare de trouver dans Google News Le Telegramme comme première source sur le conflit en Libye, ou La Dépêche sur un sujet de société qui dépasse très largement les frontières de sa zone de diffusion.
Pourquoi ? Tout simplement parce que si la PQR ne traitait que les infos de sa zone de diffusion, l'audience de ses sites Internet serait environ 30% plus faible que ce qu'elle est aujourd'hui.
Ces 30% (environ 20% pour Sudouest.fr) correspondent grosso modo à l'audience apportée par les moteurs de recherche. En clair, par Google et particulièrement Google News.
Si les sites de PQR ne faisaient que de l'info locale, leur audience serait faible, leurs ressources publicitaires confidentielles, leur influence minime.
Toute la difficulté réside dans ce juste équilibre à trouver entre l'info locale et l'info nationale et internationale.
Comme sur le papier finalement, non ?

mardi 26 avril 2011

Pour en finir avec le buzz (épisode 1)

Le nombre de commentaires d'un article sur un site d'info de la PQR suscite toujours beaucoup... de commentaires. La plupart du temps, les journalistes s'étonnent du débat qui s'ouvre sous leurs yeux et le commentent en expliquant qu'il s'agit très probablement d'un "buzz".
Ah le buzz, ce mot fourre-tout et déjà désuet qui permet d'expliquer que sur le web on en parle. Et que par conséquent on en parle en dehors des frontières du département concerné par l'affaire. Et donc que cette histoire vaut vraiment le coup qu'on en parle.
Cherchez dans les pages des quotidiens et vous verrez que le mot "buzz" est désormais cuisiné à toutes les sauces. Une pauvre association de danse crée une page Facebook et compte 63 fans en 5 jours et hop, c'est un buzz.
Je prends le pari que dans 5 ans, on ne parlera plus de buzz, tellement ce mot ne voudra plus rien dire. En tout cas j'espère bien gagner mon pari.
Mais revenons à nos commentaires. D'abord à partir de combien de commentaires peut-on considérer qu'un sujet est très commenté ? Allez, disons 300 sur Sudouest.fr. Ce qui doit faire doucement sourire à La Provence, qui en a tranquillement plus de 800 pour un article sur l'OM.
Si les journalistes s'étonnent du nombre de commentaires d'un article c'est tout simplement parce qu'ils ne sont pas (plus ?) habitués à dialoguer avec ceux pour qui ils écrivent. C'est le journalisme de surplomb, le journalisme de magistère dont parle très bien Eric Scherer. En oubliant parfois qu'ils s'adressent à une audience, en ayant oublié aussi que cette audience pouvait leur répondre, les journalistes redécouvrent avec les commentaires, qu'il y a une vie en dehors des cercles qu'ils fréquentent. Et cela concerne autant le localier que l'accrédité à Matignon.
Parce que l'audience fait peur, soyons très clairs sur ce point. Combien de fois entend-on dans une rédaction à propos d'un sujet censé faire polémique : "Ouhla, on va recevoir du courrier !" Et de fait, du courrier on n'en reçoit pas. Ou très peu. En revanche on a des commentaires sur le site mais pas toujours sur le sujet pour lequel on s'attendait à en recevoir. Vous me suivez toujours ?
La moralité de cette histoire, c'est que, comme le dit depuis longtemps Jean-François Fogel, l'audience a toujours raison. Et même s'il ne s'agit pas de lui donner exclusivement ce qu'elle demande, il serait peut-être temps de l'écouter, après avoir admis qu'elle existe.

lundi 25 avril 2011

On n'attrape pas les lecteurs avec du vinaigre

motards-bienvenue-a-perigueux.jpgQuand ça va mal il faut toujours trouver un fautif. Et la presse papier va mal. C'est pas un scoop. J'ai bien dit la presse papier. Parce que la presse écrite, elle, se porte plutôt bien.
Toujours est-il que cette presse papier qui va mal cherche un responsable, des responsables, des fautifs, des raisons à sa dégringolade. Et elle les trouve : bon sang mais c'est bien sûr, c'est Internet qui tue la presse papier ! Ou même qui l'a déjà tuée. C'est Internet qui a tué la PQN et qui tue à petit feu la PQR. C'est évident puisqu'il est sûr et certain qu'à Carcen-Ponson (40400), tous les matins on se jette sur Internet pour savoir ce qu'il s'est passé dans la commune. Et donc que l'on n'achète plus le quotidien régional qui nous vend pourtant cette information exclusive : "L'entente omnisports se distingue".
Non, Internet n'est pour rien dans tout ça. Absolument rien. Pour deux raisons (1):
- La première c'est qu'Internet n'est pas un effet mode, un gadget, une passade. C'est une des grandes révolutions de l'évolution humaine. Oui, ça fait un peu pompeux et solennel dit comme ça, mais c'est pourtant la stricte réalité. Internet est entré dans l'Histoire tout comme l'invention de l'imprimerie ou la révolution industrielle. C'est ainsi.
- La seconde, c'est que l'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre comme disait ma grand-mère. Et expliquer à l'habitant de Carcen-Ponson qu'il doit absolument sortir un euro de sa poche pour apprendre que l'entente ominisports s'est distinguée, avouez que ça sent fort le vinaigre.
J'étais persuadé Je voulais être persuadé que le débat Internet/Papier avait vécu. Que les entreprises de presse ayant fait le choix du web, leurs rédactions allaient, bon an mal an, doucement mais sûrement, admettre et comprendre que leur métier passait maintenant par le web et surtout arrêter de penser qu'elles se tirent une balle de chevrotine dans les deux tibias en donnant des informations sur leurs sites web. Tout faux.

(1) Si vous voulez 5 raisons de plus elles sont ici.

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